La déontologie médicale, la pandémie du COVID et le Docteur Raoult

Pendant plusieurs semaines, le Docteur Raoult, microbiologiste, professeur des universités, praticien hospitalier et directeur de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) méditerranée Infection a défrayé la chronique en annonçant qu’un traitement à base d’hydroxychloroquine pouvait guérir la pandémie mondiale de COVID 19.

Soutenu par une partie de la population et même de la classe politique, il fait également l’objet de dénonciations dans les milieux scientifiques, médicaux et hospitaliers.

De ces polémiques sont nées plusieurs affaires disciplinaires et judiciaires dans lesquelles la déontologie médicale est invoquée comme l’argument de poids pour faire flancher les hommes.

I – Blâme contre le Dr Raoult

À la fin de l’année 2020, deux plaintes sont déposées auprès du conseil de l’ordre des médecins à l’encontre du Dr Raoult par l’ordre national des médecins et l’ordre départemental des Bouches-du-Rhône.

En parallèle, le 5 novembre 2021, le praticien marseillais doit répondre de neuf chefs d’accusations devant la chambre disciplinaire dont celles pour avoir fait la promotion de la chloroquine sans données scientifiques établies, ce qui aurait entraîné une pratique de charlatanisme, une prise de risques inconsidérés pour les patients et un manquement à son devoir de confraternité.

Après une audience présidée par un juge administratif accompagné de huit médecins, le professeur est sanctionné d’un blâme le 3 décembre 2021.

Cette sanction n’interdit pour autant pas au microbiologiste d’exercer, même de manière temporaire ; l’accusé d’en conclure que ce dénouement le « procès de la réussite ».

Cette issue est cependant à nuancer avec le fait que le Docteur Raoult était à cette date, retraité de ses fonctions de professeur des universités et de praticien hospitalier. En effet, les hôpitaux de Marseille ont refusé de lui permettre de cumuler sa retraite avec les fonctions de praticien et donc de recevoir des patients.

Si à l’issue de la procédure, il était encore directeur de l‘IHU, il a finalement été remplacé dans ses fonctions de directeur dudit institut le 1er septembre 2022.

Ainsi, ladite décision prise à son encontre est avant tout symbolique.

II – Plaintes par le Dr Raoult contre ses confrères

Illustration du rapport de force instauré entre le professeur Raoult et certains de ses confrères, celui-ci a multiplié les dénonciations pour non-confraternité et/ou diffamation.

En riposte aux plaintes dont il a fait l’objet dès fin 2020, le médecin dénonce auprès de l’ordre des médecins, le Dr Guillaume Gorincour pour non-confraternité en raison de nombreux tweets mettant en cause ses pratiques. À l’issue de la procédure, le Dr Guillaume Gorincour recevra d’ailleurs un avertissement sur le fondement de cette accusation.

Le 20 novembre 2020, il porte également plainte pour diffamation contre le Pr Jean-Paul Stahl, président de la société de pathologie infectieuse de langue français pour l’avoir publiquement accusé d’avoir « bidonner son étude sur l’hydroxychloroquine ».

Pour finir, la médiatique Karine Lacombe, infectiologue et cheffe de service à l’hôpital Saint-Antoine à Paris a été poursuivie devant le tribunal correctionnel de Marseille après une plainte du Dr Raoult pour diffamation. En effet, les deux praticiens s’affrontaient régulièrement via les médias sur leur vision de prise en charge de la crise sanitaire. A cet égard, Karine Lacombe a déclaré en juillet 2020 que des actions en justice pour mensonge étaient en cours contre son confrère. Celui-ci a alors estimé qu’elle avait porté atteinte à son honneur et sa considération.

Si la docteure parisienne a été relaxée, le professeur Raoult a annoncé qu’il ferait appel de la décision.

N’en déplaise à ses détracteurs, le professeur Raoult a décidé de faire encore parler de lui.


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