Qui ne s’est pas retrouvé confronté, dans son fil d’actualité, à un praticien donnant son avis sur une chirurgie dentaire réalisée par l’un de ses confrères ou encore un avant/après d’une rhinoplastie ?
Dans tous les domaines, les médecins, la médecine et la santé sont présents sur les réseaux sociaux. Et ce n’est pas étonnant : en France, c’est 52,6 millions de personnes actives sur les réseaux sociaux. C’est près de 77 % de la population présente sur les différentes plateformes tel que Facebook ou encore Instagram.
Alors… pourquoi pas les médecins ?
C’est essentiellement depuis la première pandémie que ce phénomène s’est développé.
Néanmoins, on peut s’interroger : au regard des obligations déontologiques auxquelles les médecins sont soumis, peuvent-ils librement communiquer sur les réseaux sociaux dans le cadre de l’exercice de leur profession ?
La réponse à cette question est complexe : elle-même à la fois liberté d’expression, règles déontologiques et devoir d’information…
Comme souvent, tout dépend de la manière dont on communique et ce qu’on cherche à faire (et pour qui).
Outil puissant pour se faire connaître de sa patientèle
La santé et les réseaux sociaux, deux domaines qui n’ont, au premier abord, pas grand-chose à voir.
Bien que longtemps décrié, les réseaux sociaux sont aujourd’hui devenus un média incontournable de communication.
Communication pour vendre mais communication également pour information, protéger, sensibiliser, prévenir.
La communication sur les réseaux fonctionne de la manière suivante : créer une communauté à base de followers (abonnés) en créant du contenu ciblé, afin de créer une interaction avec cette communauté dans le but de lui faire passer un message (quelque soit la nature de ce message).
Ce moyen de communication peut tout à fait être utilisé par un médecin qui a le droit de se créer une communauté, communauté avec laquelle il peut facilement échanger et interagir.
Informer le plus grand nombre
Une fois la communauté constituée, le praticien peut l’utiliser pour informer le plus grand nombre sur sa profession ou encore sur des sujets médicaux (expliquer des pathologies, faire de la prévention, transmettre de la connaissance…).
Indirectement, les médecins accroissent leur patientèle.
Attention aux dérives… Il ne faut pas que ce soit l’objectif principal et il convient de toujours respecter les règles applicables à la profession.
Veiller à ne pas enfreindre les règles déontologiques de la profession
Le praticien est tenu à un certain nombre d’obligations. En effet, aux termes de l’article R.4127-19 du code de la santé publique, le praticien est soumis à de multiples contraintes.
A aucun moment, il ne doit faire de la médecine un commerce ! On oublie alors pour le médecin les codes promo, les jeux concours…. A l’inverse, rien n’empêche sa communauté d’alerter sur l’existence d’une place disponible de dernière minute.
Il ne doit pas non plus faire du “compérage”. On oublie alors les ententes avec les marques si elles sont secrètes pour tromper le patient.
Il ne doit pas non plus avoir de caractère laudatif dans ses propos. On évite les mises en exergue, les caractères exubérants…
D’une manière générale, le médecin doit toujours respecter une obligation d’exemplarité et de moralité.
Difficile de trouver le juste milieu entre la fonction informative que permet d’avoir les réseaux sociaux et cette impossibilité de faire de la publicité dans un cadre commercial…
Difficile également de tout tracer, notamment avec le système de “stories” ou de “live”.
Eviter les diagnostics non personnalisés et non respectueux de la déontologie
Bien qu’il soit possible pour le praticien de faire des consultations à distance, et de ce fait procéder à des diagnostics, il faut préciser que celles-ci ne peuvent être réalisées que dans le respect de règles applicables à la profession dans le cadre de la télémédecine.
Il faut donc à tout prix que le médecin évite de faire des diagnostics au cours de “live” ou de “stories” en bafouant les règles de la confidentialité de la consultation.
Il faut également vérifier à respecter les données dites “sensibles” qui appartiennent au patient.
Conclusion : communiquer sur les réseaux sociaux pour un médecin, oui ! Mais dans le respect des règles incombant à la profession.
Marie-Abigaëlle Massamba
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